Maîtriser l’art de la glisse: le ski de fond avec l’athlète Beda Klee
Beda Klee, le fondeur suisse, n'a pas seulement conquis les pistes de ski de fond, mais aussi le cœur de ses fans. Récemment, il a fait forte impression lors du départ de masse à Canmore, en obtenant une remarquable 12e place. Dans cette interview exclusive, Beda nous donne non seulement un aperçu de ses expériences en matière de randonnée à ski et de marathon, mais aussi de précieux conseils pour les jeunes fondeuses et fondeurs. Malgré son absence au marathon de ski de l'Engadine (il prendra le départ à Oslo), cet entretien nous révèle la fascination et les défis du ski de fond qui animent le sportif.
Le bonheur après un marathon.
Numéro un en Suisse et membre de l’équipe SportX, le fondeur Beda Klee nous parle du marathon de ski.
En quoi un marathon de ski est fascinant par rapport à d'autres compétitions de ski de fond?
«Celui ou celle qui a surmonté un marathon éprouve des sentiments de bonheur particuliers à l'arrivée, quel que soit le résultat. Du point de vue de la course, la différence réside dans le fait qu'un marathon se court d'un point A à un point B, sinon, ce sont souvent des circuits. De plus, il y a des sections de parcours sans spectateurs ni spectatrices. Skier en groupe à travers la forêt, c'est aussi ça la fascination. Un marathon se planifie moins précisément qu'une course de 10 ou 15 kilomètres.»
Quelle préparation particulière faut-il avoir pour un marathon de ski par rapport à des courses plus courtes?
«Il faut faire plus de tests de skis, car les conditions d’enneigement peuvent changer en cours de route et la préparation doit être adaptée en conséquence. Pour une course plus courte sur un circuit, il faut partir du principe que les conditions sont constantes. Il est également important de ne pas accumuler de réserves d'énergie la veille ou l'avant-veille de la course avec des aliments riches en glucides comme les pâtes, le riz, les pommes de terre et les fruits.»
Comment gères-tu les défis tels que les conditions météo et les différents profils de parcours lors d’un marathon de ski?
«Il est important de s'informer sur les conditions météo le jour de la compétition et de s'y préparer. Avant de commencer, j'emporte toujours des vêtements adaptés aux facteurs météo les plus divers et je décide le matin ce que je vais porter. On peut tenir le coup et résister au froid pendant 20 minutes, mais pas pendant les 2 heures d'un marathon. L'étude du profil du parcours fait partie de la préparation. Si je sais qu'il y a une montée, puis un tronçon plat, une descente où je peux récupérer, ça m’aide.»
Quel est ton marathon de ski préféré et pourquoi?
«Ce n'est pas un marathon à proprement parler, ce sont les 50 kilomètres d'Oslo, à Holmenkollen. C'est la course avec la plus grande tradition en Coupe du monde. L'ambiance, l'atmosphère en Norvège est unique, c'est une expérience émotionnelle. Comme les 50 km d'Oslo ont lieu le même jour que le marathon de ski de l'Engadine, je serai absent cette fois-ci en Suisse. Même si l'objectif est d’arriver à le gagner un jour.»
Quelles sont les stratégies mentales que tu utilises pour rester concentré pendant une longue course?
«Comme dans chaque course, la tactique est relativement simple: il s'agit de rester dans le groupe de tête le plus longtemps possible. Dans un marathon, il y a en outre plus de chances de skier en tête dans un groupe, car le rythme peut éventuellement tomber. Il ne faut jamais perdre l'objectif de vue. C’est un moteur, tout comme le fait de savoir que les adversaires atteignent eux aussi leurs limites et que leur performance accuse le coup.»
Quelle est ta méthode pour t’alimenter et t’hydrater pendant un marathon de ski?
«Il est impératif de boire régulièrement et de s'alimenter avant que la sensation de soif et de faim se fasse sentir. Si nécessaire, il faut se forcer à manger. Sinon, il est généralement trop tard et il faut un certain temps pour que le corps se remette d'une fringale. Il faut développer une stratégie pour savoir quand et comment manger ou boire. Ce qui détermine ce que l'on boit et ce que l'on mange, c'est l’état d'esprit. Le principe du plaisir peut également jouer un rôle. Quelque chose de goûteux peut libérer des énergies.»
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes fondeurs qui se préparent à leur premier marathon de ski?
«Sur le plan de la technique, il faut faire préparer ses skis par un spécialiste, dormir suffisamment les jours précédents, arriver tôt et visionner des vidéos d'anciens marathons de l’Engadine. Cela motive et stimule l'anticipation. Il faut également avoir couru deux ou trois fois une longue distance. À partir du 30e kilomètre, beaucoup de choses changent. Ne jamais oublier que c'est un marathon et pour la tête, il est plus facile de dépasser des gens que d'être dépassé continuellement.»
Comment doivent-ils organiser la course?
«Courir au milieu de 10 000 personnes enthousiastes présente le risque de prendre un rythme initial trop rapide. Un «horaire» avec des temps de passage dans les localités ou par kilomètre peut aider à répartir sa course. Il faut aussi prendre suffisamment de temps pour se restaurer aux points de ravitaillement officiels.»
Comment gères-tu les échecs ou les mauvaises courses et quelles leçons en as-tu tirées?
«Il s'agit de ne pas faire deux fois la même erreur, de tirer aussi les leçons des expériences négatives. La santé, la forme, le matériel, le déroulement de la course, la tactique, le numéro de dossard, la préparation, l'entraînement, une erreur de concentration, une chute, tout peut être potentiellement responsable d'une mauvaise course. Pour ne pas commettre deux fois la même erreur, il est important que l'analyse permette de comprendre ce qui n’a pas fonctionné.»
Nous remercions vivement Beda Klee pour cet aperçu fascinant de son univers de fondeur. Nous lui adressons tous nos vœux de succès pour les courses à venir et avons hâte de découvrir d'autres performances spectaculaires que nous promettent les pistes de ski de fond du monde entier.